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SIÉGE D’ALGER PAR CHARLES V.

l’alarme sur les côtes d’Espagne, qu’on fut obligé d’élever, de distance en distance, des corps-de-garde, et d’y entretenir continuellement des sentinelles, pour veiller sur l’approche des Barbaresques et garantir les habitans de leurs invasions. L’empereur recevait depuis long-temps des plaintes très-pressantes de la part de ses sujets ; on lui représentait que son intérêt et l’humanité lui faisaient également un devoir de réduire Alger, devenu, depuis la conquête de Tunis, le réceptacle de tous les pirates, et d’exterminer cette race de brigands, ennemis implacables du nom chrétien ! Déterminé par leurs prières, séduit encore par l’espérance d’ajouter un nouveau lustre à la gloire de sa dernière expédition d’Afrique, Charles, avant de quitter Madrid pour son voyage des Pays-Bas, avait donné des ordres en Espagne et en Italie pour équiper une flotte et lever une armée destinée à cette entreprise. Les changemens qui survinrent dans les circonstances n’ébranlèrent point sa résolution : ni les progrès que faisaient les Turcs dans le pays, ni les remontrances de ses plus fidèles partisans en Allemagne, qui lui représentaient que son premier soin devait être de défendre l’empire, ni les railleries de ceux qui ne l’aimaient pas, et qui plaisantaient sur ce qu’il fuyait un ennemi qu’il avait près de lui, pour aller au loin en chercher un si peu digne de son courroux, rien ne put l’engager à porter ses forces vers la Hongrie. C’était sans contredit une entreprise honorable que d’aller attaquer le sultan en Hongrie ; mais elle était au-