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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/42

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HISTOIRE.

dessus de ses forces, et ne s’accordait pas avec ses intérêts. Il eût fallu faire venir des troupes d’Espagne et d’Italie, pour les conduire dans un pays très-éloigné ; pourvoir aux préparatifs immenses que demandait le transport de l’artillerie, des munitions et des bagages d’une armée entière ; terminer dans une seule campagne une guerre qu’il était difficile de rendre décisive, même dans plusieurs campagnes : un semblable projet eût entraîné des dépenses trop fortes et trop prolongées pour que le trésor épuisé de l’empereur pût y suffire.

D’ailleurs, en employant de ce côté ses principales forces, les domaines qu’il possédait en Italie et dans les Pays-Bas restaient exposés à l’invasion du roi de France, qui ne manquerait pas de profiter d’une occasion si favorable pour y porter la guerre. D’un autre côté, son expédition d’Afrique, dont les préparatifs étaient achevés et presque toutes les dépenses faites, ne demandait qu’un seul effort qui, outre la sûreté et la satisfaction que le succès de cette entreprise procurerait à ses sujets, prendrait si peu de temps, que le roi de France ne pourrait guère profiter de son absence pour envahir ses états de l’Europe.

Toutes ces raisons déterminèrent Charles à persister dans son premier dessein avec une résolution inflexible ; il n’eut égard ni aux conseils du pape, ni à ceux d’André Doria, qui le conjurait de ne pas exposer une flotte entière à une destruction presque inévitable, en risquant l’approche des côtes dangereuses d’Alger, dans une saison si avancée,