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HISTOIRE.

côtes d’Afrique, ne fut ni moins longue ni moins périlleuse que celle qu’il venait de faire. Lorsqu’il approcha de terre, la fureur de la mer et la violence des vents ne permirent pas aux troupes de débarquer. À la fin, l’empereur, profitant d’un moment favorable, les mit à terre sans obstacle, assez près de la ville d’Alger, vers laquelle il marcha sans délai. Hasen n’avait à opposer à cette puissante armée que huit cents Turcs et cinq mille Maures, moitié naturels du pays, moitié réfugiés de Grenade. Il répondit cependant avec fierté à la sommation qu’on lui fit de se rendre ; mais, malgré son courage et sa grande expérience dans l’art de la guerre, il n’aurait pu, avec le peu de soldats qu’il avait, tenir long-temps contre des forces supérieures à celles qui avaient battu Barberousse à la tête de soixante mille hommes, et réduit Tunis, malgré tous les efforts de ce fameux pirate.

Au moment où l’empereur se croyait le plus en sûreté contre ses ennemis, il se vit tout à coup exposé à une calamité bien plus terrible, et contre laquelle toute la force et toute la prudence humaine ne pouvaient rien. Deux jours après son débarquement, lorsqu’il n’avait encore eu que le temps de disperser quelques petits corps d’Arabes qui inquiétaient son armée dans les marches, des nuages s’amoncelèrent, et le ciel se couvrit d’une obscurité effrayante ; vers le soir, la pluie, chassée par un vent impétueux, commença à tomber avec violence ; la tempête augmenta pendant la nuit. Les impériaux, qui n’avaient débarqué que leurs armes,