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SIÉGE D’ALGER PAR CHARLES V.

où les vents d’automne étaient toujours violens. Après s’être embarqué sur les galères de Doria, à Porto-Venere, sur le territoire de Gênes, il ne tarda pas à reconnaître que cet habile homme de mer avait jugé mieux que lui d’un élément qu’il devait en effet mieux connaître. Il s’éleva une tempête si terrible, que ce ne fut qu’après les plus grands efforts et après avoir couru les plus grands périls, que Charles put aborder à l’île de Sardaigne, où était fixé le rendez-vous de la flotte. Mais comme l’empereur était naturellement d’un courage inébranlable et d’un caractère inflexible, les remontrances du pape, celles de Doria, les dangers même qu’il venait de courir, n’eurent d’autre effet sur lui que de l’affermir encore dans sa funeste résolution. Il est vrai que les forces qu’il avait rassemblées étaient bien capables d’inspirer les plus grandes espérances de succès, même à un prince moins hardi et moins présomptueux. Elles consistaient en vingt mille hommes d’infanterie et deux mille de cavalerie, tant espagnols qu’italiens et allemands, pour la plupart vieux soldats ; et en trois mille volontaires, la fleur de la noblesse italienne et espagnole, qui s’était empressée de faire sa cour à l’empereur en le suivant dans cette expédition, et qui se montrait jalouse de partager la gloire dont elle croyait qu’il allait se couvrir. Il lui était d’ailleurs arrivé de Malte mille soldats, envoyés par l’ordre de Saint-Jean, et conduits par cent de ses plus braves chevaliers.

La navigation, depuis l’île Majorque jusqu’aux