Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
DES GRECS MODERNES.

leurs oppresseurs, ce n’est pas d’être civilisés, c’est d’être susceptibles de civilisation ; c’est, en un mot, d’avoir l’aptitude à redevenir ce qu’ils ont été.

Mais tout est à faire en Grèce. « Il faut que tout, dans ce malheureux pays, sorte d’abord du néant, le génie comme le pouvoir, et la liberté comme l’ordre. Quiconque a vu la Grèce avec des yeux non prévenus ne s’abandonnera pas à une illusion agréable, mais dangereuse ; il ne croira point que ce pays désorganisé soit en état d’effectuer et de fonder d’une manière durable, par ses propres moyens, une véritable régénération, c’est-à-dire une organisation sage et heureuse, et j’avoue que je n’ai jamais pu concevoir un espoir semblable. Ce n’est pas que le peuple manque de capacité et de bravoure, il possède sûrement ces qualités à un haut degré ; mais c’est, il faut bien le dire, que deux péchés originels sont inhérens aux Grecs, la vanité et la versatilité. Voilà des matières combustibles, fécondes en malheurs, et auxquelles l’excessif égoïsme de quelques chefs ne travaille incessamment qu’à mettre le feu.

« Des hommes sages et généreux à qui la Providence a confié la direction des peuples, ne se laisseront détourner ni par le verbiage de prétendus amis, ni par des rapports contradictoires, qui ne peuvent que tromper les esprits sur la véritable situation des choses, et que refroidir le zèle des vrais amis de la cause des Grecs. En Allemagne et ailleurs, il a paru dans les dernières années plusieurs petits écrits pour la plupart rédigés par des jeunes gens qui, s’étant rendus en Morée avec de la bonne