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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/58

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HISTOIRE.

volonté, mais sans aucune véritable vocation, et s’y étant vus trompés dans leur attente, ont, à leur retour, qui a suivi de près leur départ, condamné les Grecs sans avoir, à proprement parler, entrevu seulement la nation grecque. En effet, dans toute révolution populaire, c’est d’abord la populace, la lie du peuple qui entre en mouvement ; et comment pouvait-il en être autrement dans un pays entièrement désorganisé par un esclavage et par une misère de tant de siècles ? Mais c’est une grande erreur, malheureusement aussi une méprise trop commune, que de s’imaginer qu’on a vu le peuple là où s’agite la populace. Lorsque le torrent se précipite du haut de la montagne, il détache d’abord les végétaux légers et la poussière du sol ; mais cette masse confuse et superficielle, entraînée par le torrent, ne fournira point au naturaliste des lumières suffisantes sur la véritable nature de la montagne, sur les rapports minéralogiques et sur les parties intégrantes du sol ; il attendra prudemment que la tempête ait cessé et que les eaux soient écoulées, pour faire ses recherches avec tout le soin et toute la maturité qu’elles comportent. »

Un des vices inhérens aux Grecs modernes, c’est un amour effréné de la piraterie. M. Brondsted raconte quelques faits de cette nature dont il fut témoin en 1811. « Après un séjour de sept à huit semaines dans l’île de Zéa, voulant retourner à Athènes, nous hâtâmes les préparatifs de notre départ. Mais il était décidé que nous ne quitterions pas Zéa, sans y voir de près un exemple des tristes