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Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/60

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HISTOIRE.

voulait, et il prenait rapidement avec sa proie la fuite vers Thermia. Tandis que Lothrington était obligé de ramer contre le vent et le courant, jusqu’à la pointe la plus septentrionale de l’île, le pirate gagnait tant d’avance à l’aide du plus beau vent du nord, qu’il n’était plus possible de le rejoindre. Le lendemain, il reparaissait dans une autre baie à la côte orientale de l’île et au nord des ruines de Carthua, et il renouait les négociations. Un généreux Zéote avança enfin à son compatriote, le pauvre batelier, les mille piastres, montant de la rançon (j’ignore sur quelle hypothèque), et moyennant l’honnête intérêt de deux cents piastres pour huit jours. Le bateau fut relâché alors, et le pirate disparut. L’affaire de la rançon ne parvint à notre connaissance que plus tard, et nous eûmes lieu de soupçonner qu’on nous en fit mystère, de peur que nous ne prêtassions l’argent à l’homme embarrassé, et que nous ne fissions tort à l’usurier zéote, allié de certaines gens qui nous entouraient. Deux jours après, un autre pirate passa en plein jour tout près du port, et le lendemain, étant à Carthua, où j’avais encore quelques affaires, je fus témoin de la prise d’un bateau venant, à ce qu’il paraît, de Syros, et qu’un troisième brigand conduisit à Thermia.

Il ne faut pas s’imaginer que les kaïki des pirates, qui dans ces parages causent tant de mal, gênent les relations, bloquent, jusqu’à un certain point, pendant des mois, des îles entières, maltraitent quelquefois de la manière la plus affreuse leurs