Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 2.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
LA GRÈCE EN 1829.

plus quelques barraques de pêcheurs. Hydra, la plus petite des deux, manque d’eau et n’a qu’un port qui ne donne accès qu’aux plus faibles bâtimens. Sa rade est fort peu sûre avec les vents d’ouest et de nord, et quand ils sont violens, il faut chercher un abri sur la côte de l’Argolide, qui est en face.


Spetzia.

Spetzia vaut mieux, est plus grande, moins stérile, et possède une assez bonne rade. Néanmoins elle serait toujours restée, comme Hydra, le domaine exclusif des chèvres et des pêcheurs, si l’esprit industrieux du Grec, mêlé à la hardiesse de l’Albanais, ne savait triompher de tous les obstacles. Les désavantages de ces positions ont été précisément la cause de leur richesse. Comme les Turcs n’attachaient aucune importance à ces deux îlots abandonnés, les habitans des côtes voisines ont pu s’y fixer sans qu’on y fît attention, et se livrer peu à peu au commerce. Pas un Turc n’y paraissait, et ils s’étaient organisés en petite république parfaitement libre, dont le seul acte de dépendance vis-à-vis la Porte était un léger cadeau et une pelisse offerte au capitan-pacha, lors de sa tournée annuelle dans l’Archipel. À la faveur de la liberté, ces îles prospérèrent rapidement. Je dirai plus loin par quelle réunion de circonstances et d’avantages elles s’emparèrent de presque tout le cabotage du Levant et de l’immense commerce de la mer Noire.