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LA GRÈCE EN 1829.

cun cas, on ne pouvait espérer que Chio restât à la Grèce, et on consumait ainsi des ressources bien précieuses qu’un danger pressant réclamait ailleurs. Aussi paraît-il certain qu’on doit chercher le véritable motif qui la fit décider dans les intrigues de quelques Chiotes réfugiés, à la tête desquels était un aventurier nommé Rally, grand organisateur de piraterie, et peut-être aussi dans la tentation de s’emparer de la riche récolte du mastic.

Cependant l’expédition était entamée, elle était même sur le point de réussir, quand l’insouciance des meneurs qui l’avaient décidée la priva des ressources dont elle avait besoin pour être achevée. On sait comment elle se termina. Heureusement que la population du pays, instruite par le passé, n’y prit point de part ; elle se tint à l’écart. Quelques malheureux seulement qui redoutaient la fureur des Turcs cherchèrent à fuir quand les Grecs eurent été défaits. Cependant les Turcs, en rentrant à Chio, surent gré aux habitans de la conduite qu’ils avaient tenue, et ne les traitèrent pas avec rigueur. Ce trait suffit pour caractériser l’état actuel de la Grèce. Nous pouvons ajouter que Smyrne voit tous les jours arriver des Grecs, qui viennent de la Morée même y chercher des moyens d’existence, et qu’enfin des habitans de l’Attique, qui s’étaient réfugiés à Égine ou dans les environs, retournent dans leur pays, toujours occupé par les Turcs, pour y reprendre leurs anciens travaux[1].

  1. Des nouvelles de Constantinople, datées du mois de mars de