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HISTOIRE MODERNE.

vainqueur et vaincu, lutta audacieusement contre le puissant êmyr-al-mouményn Yousef-ben-Siry, solthân du triple Foutah.[1]

La mission de cet homme extraordinaire n’était point la manifestation isolée d’un fanatisme individuel, d’un projet de réforme improvisé, accidentel ; des informations, que les événemens justifient, ont montré dans Mohhammed l’un des agens d’une ligue religieuse et sacerdotale, qui enlace d’un vaste réseau toute la région occidentale de l’Afrique musulmane, et dont le projet est bien moins d’épurer les croyances, que d’asservir à son influence despotique les gouvernemens des divers états.

On devait donc s’attendre à voir surgir dans ces contrées, d’autres apôtres que Mohhammed-ben-A’mar. Ils n’ont pas tardé à se montrer.

S’il faut en croire certaines informations arrivées par la voie de Tangeh, un nouveau mahdy, levant l’étendard de la réforme schya’yte au milieu des tribus ssanhagytes de l’aride Sâhhel, a récemment inquiété de ses prédications au désert la farouche susceptibilité de l’impériale Marok, qui, le jugeant digne de sa colère, aurait dépêché contre lui ses mamlouks en armes.

Dans le vaste royaume de Kayor, qui de l’embouchure du Sénégal s’étend au loin vers l’est et vers le sud, un apôtre aussi s’est élevé au district de Koqy, et ses ambitieuses tentatives ont éveillé

  1. Voyez Revue des deux Mondes, ire série, Tome ier, p. 246.