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FRAGMENS LITTÉRAIRES.

Le premier chant du coq se fait entendre… Quel prodige effrayant !… Le manteau du cavalier tombe sur le sol, et laisse apercevoir un squelette épouvantable. La figure hideuse de la mort se montre décharnée et terrible ; d’une main elle tient un sablier, et de l’autre son inexorable faux. Lénore, pâle, échevelée, respirait à peine. La vie semblait l’entourer encore comme la flamme légère couronne le flambeau qui s’éteint : elle sent son corps trembler et son cœur défaillir.

L’affreux coursier pousse un cri effroyable, la terre s’ébranle et s’entrouvre, tous les esprits infernaux sortent à l’instant de cet abîme… Lénore voit l’enfer, et sent briser sa vie… Elle disparaît aussitôt avec le démon qui la portait, et qui se précipite dans la demeure infernale !…

Et la lune pâle et douteuse éclairait cette scène fatale… et les esprits d’enfer dansaient en voyant s’accroître les âmes condamnées… et les morts debout écoutaient ces mots qui retentissaient menaçans dans le vague des airs :

« Mortels, supportez avec résignation les maux qui vous surviennent, et n’accusez jamais le Tout-Puissant. »

Baron de Mortemart-Boisse.