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CORRESPONDANCE ET VARIÉTÉS.

donné, dans son palais, à l’occasion du mariage de son fils, un dîner auquel avaient été invités les consuls des puissances chrétiennes, les commandans de tous les bâtimens de guerre sur la rade, et des négocians de chacune des nations qui ont des comptoirs à Smyrne. On s’est réuni à cinq heures dans la salle d’audience du gouverneur. La cérémonie des pipes et du café a eu lieu à plusieurs reprises. De longues files de domestiques se présentent dans un ordre parfait, armés chacun d’une pipe à riche bouquin d’ambre émaillé, dont ils munissent en un clin d’œil chacun des assistans, en témoignage de l’accueil cordial et hospitalier du maître de la maison envers ses hôtes. À six heures, on est passé dans la salle du banquet, l’une des plus belles du vaste palais construit par Kiatib Oglou, devenu la résidence des gouverneurs de Smyrne. Au milieu de cette salle, décorée de jolies peintures à la turque et resplendissante de lumières, une table de quarante couverts avait été dressée, et fut servie à l’européenne avec la plus élégante recherche. Rien n’a manqué à ce repas, pendant lequel a régné la plus franche gaîté. Omer effendi, légèrement indisposé depuis plusieurs jours, n’a pu se mettre à table et s’est fait excuser auprès de ses convives. Il a été remplacé par son beau-fils, Masloum bey, jeune homme d’un esprit délié et de manières élégantes, qui sait allier à la dignité des mœurs turques l’aisance des usages européens. Mansour Zadé, premier ayan (chef du corps municipal) de la ville, Chakir bey et Omer bey, colonel et major des troupes régulières en garnison à Smyrne, étaient les seuls musulmans admis à faire avec lui les honneurs du banquet. M. le vice-consul Fauvel, gérant le consulat général de France, a porté, en sa qualité de doyen d’âge, le premier toast : « Au sultan Mahmoud, régénérateur de son peuple ; à la prospérité de la nation musulmane ! » Le second a été porté par Masloum bey : « À tous les souverains des nations amies de la Porte ! » Le troisième par Mansour Zadé : « À la prospérité du commerce de Smyrne ! » Le quatrième par M. le comte Accurty, commandant l’escadre autrichienne du Levant : « À l’armée ottomane ! »