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INDES ORIENTALES.

à assister à celles qui sont étrangères à son culte. Les cérémonies religieuses et la reproduction physique paraissent ici-bas ses seules jouissances.

Au milieu de tant de figures diverses, la blancheur des jeunes Françaises et des jeunes Anglaises y contrastait d’une manière frappante avec le brun foncé des Indiennes. Des milliers d’Indous, tous vêtus de blanc, à la clarté de mille torches, de mille flambeaux, précédés de cent bannières flottantes et des images des saints portées sous de magnifiques dômes dorés, au bruit des tam-tams, des tambours, des clairons et des trompettes, s’avançaient par masses, tant la foule était grande à la superbe église des jésuites, au centre de Pondichéry. C’est là le triomphe de ces missionnaires, qui ne sont pas des jésuites, mais des lazaristes. Une grande partie de la population leur est dévouée ; ils pourraient se rendre maîtres de Pondichéry.

La vie est ici à bon compte ; les Indous ne se nourrissent que de riz et de cary, sorte de ragoût de poissons ; les Européens, les créoles et les topas (porte-chapeaux), descendans de Portugais, se nourrissent comme en France, boivent du vin, mangent de la viande. Il y des bals trois fois la semaine ; on est ici passionné pour la danse, et déjà je passe pour le petit Coulon de Pondichéry. Avec 3 ou 4,000 francs de revenu, on peut avoir cabriolet, cheval, quatre domestiques. Avec 6,000 francs, on a carrosse, dix palanquins. Avec 20 ou 30,000 francs, on pourrait avoir des palais, cent chevaux, cent domestiques, vingt carrosses, cent palanquins. Ce climat est la demeure de l’homme. On va tout nu ; une toile légère en ceinture suffit. Il y a tant de riz, tant de poissons, que l’Indou, avec un fanon (6 sous), peut suffire à ses besoins. Pour deux roupies (la roupie vaut 48 sous), on a une paire de bottes. Une maladie connue dans l’Inde afflige à présent les naturels, c’est le choléra-morbus. On prie Siven, elle se ralentit, disent les Indous. La polygamie est en honneur ; les riches seuls en usent. La stérilité y est flétrie ; la fécondité y a des autels.

J’ai découvert un compatriote qui est ici depuis quarante-