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ÎLE DE JAVA.

contiennent même assez d’eau pour être navigables et porter des embarcations chargées. On y voit du matin au soir des hommes, des femmes et des enfans s’y baigner, pour se rafraîchir et se dérober à la grande chaleur du jour.

Après avoir parcouru ainsi les établissemens de culture intérieurs, je m’armai de la boîte de fer-blanc dans laquelle je renfermais les objets d’histoire naturelle que je moissonnais, et je sortis de la ville, dirigeant mes pas vers quelques petites montagnes que j’apercevais dans l’ouest, à deux lieues et demie de Sourabaya. Je n’en avais pas encore atteint le pied, lorsque je fus tout à coup arrêté dans un petit bouquet d’arbres par cinq Malais, armés chacun d’un cris, espèce de poignard. Après m’avoir fouillé pour me voler, ils semblaient animés d’intentions encore plus horribles. Heureusement je portais dans ma poche un petit dictionnaire malais, qui me servit à leur faire deviner en partie le but de mes promenades. Ils ne comprirent peut-être pas très-bien le sens de mes phrases décousues ; mais ils parurent tellement surpris d’entendre quelques mots de leur langue sortir d’un objet inanimé comme mon dictionnaire, qu’après s’être concertés ensemble, ils me rendirent à la liberté. Ils commencèrent par me conduire au bord d’une rivière, et voulaient à toute force que je la passasse sur un étroit bambou qui servait de pont. Je vis bien que leur intention était de me précipiter dans l’eau une fois que je serais sur ce faible appui. Pour leur épargner le plaisir de rire à mes dépens,