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VOYAGES.

je m’y jetai de moi-même, et je traversai à la nage la rivière, qui n’était pas très-large. Lorsqu’elle me sépara de ces cinq voleurs, je commençai à respirer. Ils m’avaient dérobé l’argent que je portais sur moi, consistant en trois ou quatre pièces de 5 francs, et de plus une petite serpette.

Après cette triste aventure, au lieu de poursuivre mon voyage, je regagnai Sourabaya, où j’allai rendre compte aux autorités de ce qui m’était arrivé. On me promit de faire des perquisitions à ce sujet ; je n’ai jamais entendu parler du résultat. Le gouverneur m’accorda, sur ma demande, un guide du pays pour m’accompagner dans mes excursions ; je ne sortis plus sans lui. Je parcourais les environs de Sourabaya, en m’éloignant de cette ville de sept ou huit lieues environ, avec assez de sécurité. J’étais souvent obligé d’attendre mon guide, qui ne me suivait pas sans peine dans les bois où je pénétrais. Ces gens-là ne sont pas très-exercés à la marche, parce qu’ils se servent toujours de chevaux, même pour les courses les moins pénibles. Aussi fut-il bientôt dégoûté de voyager avec un marcheur de ma force. Souvent il renonçait même à me suivre. Je ne pouvais cependant me passer de lui : lorsque nous arrivions dans un village, une population nombreuse se pressait autour de nous, et je n’eusse pu m’en faire entendre sans le secours de mon compagnon de voyage. J’avais fréquemment besoin de monde pour transporter les végétaux vivans que j’avais récoltés ; mon guide seul pouvait expliquer