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VOYAGES.

presque toutes les autres contrées soumises à la domination espagnole. On s’y livre à Cuba avec une fureur incroyable. Dans les plus petites villes, des édifices commodes sont consacrés à ces spectacles nationaux : le planteur et son esclave, l’estropié, le sourd-muet, le paralytique, les alcades et les gouverneurs eux-mêmes sont mêlés ensemble, et forment une grotesque assemblée qui se presse autour de l’arène. Le docteur Abbot fut un jour arrêté dans la rue par la foule qui s’y précipitait de divers côtés. « Il s’y trouvait, dit-il, des volantes, amenant les planteurs de la campagne, des habitans de toutes les classes, hommes, femmes et enfans. J’appris bientôt que c’était l’heure des combats de coqs, et que nous étions près du théâtre. Cette passion populaire forme un des traits marquans du caractère espagnol, qui frappe le voyageur dans chaque ville et chaque village. On nous proposa d’assister à la scène animée qui allait s’ouvrir : je me sentis d’abord révolté à l’idée de laisser l’empreinte de mes pas sur un pareil terrain ; mais en philosophe chrétien qui voulait étudier les hommes, je me laissai entraîner. J’entrai dans un bâtiment de forme circulaire, bien couvert, avec une arène entourée de banquettes et de loges qui s’élevaient les unes au-dessus des autres, depuis le sol jusqu’au plafond. Quoique ce ne fut ni dimanche ni fête, jours où le spectacle est le plus suivi, la salle était bien garnie. Il y avait au moins deux fois plus de monde que je n’en avais vu dans l’église la plus fréquentée. Sur