un siége élevé au-dessus de la galerie, séparé des autres spectateurs, plongeant sur l’arène, et d’où l’on ne pouvait rien perdre des détails du combat, était assis le juge. Ce haut fonctionnaire est régulièrement commissionné par le gouverneur ou l’alcade de l’endroit, et ses sentences sont sans appel. Le magistrat vénérable que je vis ici me parut bien avancé en âge pour remplir d’aussi importantes fonctions : à en juger par ses cheveux blancs, sa figure ridée et son dos voûté, il devait au moins avoir soixante-dix ans ; mais il faut rendre justice à Sa Grâce espagnole, elle ne se conduisit pas comme parfois Philippe de Macédoine sur son trône, ou comme quelques-uns de nos représentans républicains sur leurs bancs ; il ne dormit point pendant la séance. Une seule chose importante fut omise, il ne prenait point de notes. D’ailleurs je suis forcé de l’avouer, il suivit la cause dans tous ses détails et ses divers succès. Aucun argument des parties adverses ne fut dédaigné, et pendant tout le temps que je considérai ce magistrat, je ne pus remarquer ni le plus léger indice de faveur ou de partialité, ni la moindre interruption dans son imposante gravité.
» En promenant mes regards autour de l’arène, je pus compter une vingtaine de coqs. Jamais je ne vis d’oiseaux plus privés : il n’y avait nul besoin de les tenir enfermés, ils reposaient tranquillement sur la main de leur maître ou sur celle d’un de ses serviteurs, élevant seulement de temps en