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ÎLE DE JAVA.

en quels endroits il convenait de les déposer, et ce qu’il serait payé pour cela.

En parcourant ainsi ces contrées, je parvins à rassembler une riche pacotille de graines et de plantes pour l’herbier. Je réunissais les végétaux vivans dans le jardin d’un propriétaire chez lequel logeait le commandant de la division. À mesure que je me les procurais, je les mettais en caisse dans de la terre, afin de les faire reprendre le plus promptement possible. J’avais établi mes jardins ambulans sous une touffe d’eugenia, pour les abriter des rayons du soleil, qui leur seraient devenus funestes.

Mon conducteur, qui connaissait parfaitement le pays et les ressources qu’il offrait, n’oubliait jamais de me faire entrer dans les cases des Malais pour manger ou boire. J’étais forcé de me contenter de leur nourriture, consistant en riz, sardines salées et herbes indigènes. Aussitôt que j’étais entré, mes hôtes me faisaient asseoir sur des bancs ou des tables en lames de bambou ; ils m’apportaient ensuite le vase dans lequel était le bétel, la noix d’areck, et un peu de graine pour composer ce qu’on appelle la chique de bétel. Pour ne pas déplaire à ces braves gens, j’en prenais une petite quantité que je tournais dans ma bouche sans la mâcher. Mon guide à qui l’on faisait ensuite les mêmes honneurs, loin d’accepter le bétel avec la même répugnance que moi, en prenait plusieurs chiques successivement, et se passait même souvent de manger pour s’occu-