Page:Revue des Deux Mondes - 1830 - tome 4.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
ÎLE DE JAVA.

servir par son fils. Je remarquai que sa femme évita de m’approcher. Après le thé, on apporta deux tasses de porcelaine, dans lesquelles on versa du café. Pendant que j’en buvais une, l’autre se remplissait, ce qui m’engagea, ou plutôt me força en quelque sorte à en avaler successivement cinq qui me désaltérèrent complètement. Ce café était détestable et d’une saleté dégoûtante. Je ne pouvais boire souvent qu’à demi les tasses qu’on me servait, et je jetais le reste qui contenait la partie la moins propre.

Le tomogon essaya, à plusieurs reprises, de me parler directement, mais jamais nous ne pûmes lier conversation. Je ne l’entendais nullement, et il ne comprenait pas un seul mot de ce que je lui disais. Mon guide, qui depuis notre arrivée était toujours agenouillé sur une natte étendue par terre pour tous les sujets qui ont affaire au souverain, me servait d’interprète. À chaque parole qu’il adressait au tomogon, il élevait, en signe de respect, ses deux mains jointes jusque devant sa bouche. On lui servit aussi une tasse de café. Il y avait à peu près une heure que j’étais assis auprès du tomogon, lorsque sa femme, à qui il avait ordonné de me préparer à souper, me fit inviter à entrer dans la salle où était dressé le couvert. Cette salle était une cabane close simplement par des lames de bambou entrelacées l’une dans l’autre. Les bancs sur lesquels nous étions assis étaient de même matière. Je me mis à table avec le tomogon et son fils, et mangeai successive-