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VOYAGES.

ment d’une omelette, d’une volaille rôtie ou seulement boucanée, d’une cuisse de mouton à moitié cuite, et enfin du riz en guise de pain que ces Malais ne connaissent pas. Par une attention assez délicate, on m’avait donné une fourchette et une cuillère ; mais voyant le prince et son héritier présomptif manger avec les doigts, je voulus, par réciprocité de bons procédés, me conformer à leurs usages, et je me mis à me servir assez gauchement des instrumens naturels.

Après souper, on me montra mon lit ; c’était un canapé tissu de rotin (calamus), sur lequel on avait étendu une natte et une espèce de tapis servant de couverture ; on y avait mis jusqu’à des rideaux (sorte de moustiquaire). En me couchant, je le trouvai couvert de fleurs de franchipane blanche (plumeria alba), mon oreiller même en était entièrement garni ; l’odeur forte de ces fleurs, quoique agréable, me donna un mal de tête affreux, parce que je n’eus la prévoyance de les éloigner que lorsque je m’aperçus qu’elles m’avaient incommodé. Ma douleur de tête et le bruit de deux hommes qui me veillaient en chantant, m’empêchèrent de fermer l’œil de toute la nuit. C’est une habitude chez les Malais, lorsqu’ils donnent l’hospitalité de nuit à un étranger, surtout à un blanc, de le faire garder pendant son sommeil par des hommes qui chantent pour l’empêcher d’avoir peur. Ce qui chez nous n’est qu’un enfantillage, est chez le peuple malais une cou-