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LA GRÈCE EN 1829.

entendu des 500,000 Grecs qui sont répandus dans la Morée et dans l’Archipel, demande qu’ils restent dans les limites que la nature leur assigne, que toute extension hors de ces limites leur serait éminemment dangereuse, je ne balancerai pas à sacrifier à cette puissante considération les désirs, les intérêts mêmes des 50,000 autres ; j’irai même plus loin : je suis convaincu que la domination turque promet aux Grecs rouméliotes plus de tranquillité que ne pourrait leur en offrir le nouvel état ; que la misère, le désordre et le danger qui environneraient leur liberté, en feraient un présent bien funeste. C’est ce que les Grecs de l’Attique paraissent sentir aujourd’hui, quand ils abandonnent le sol affranchi de la Grèce, et reviennent volontairement se placer sous l’empire de ces maîtres, qu’on s’est plu à nous dépeindre comme si barbares[1]. D’ailleurs, pour ceux à qui leur joug est insupportable, la Morée est bien assez vaste pour les recevoir. En quittant leur pays, ils n’abandonneront ni champs, ni maisons, ni fortune, ni in-

  1. Il arrive encore tous les jours à Smyrne et à Constantinople des familles grecques de la Morée et des îles. Ce fait est attesté par toutes les correspondances particulières. Les impôts exigés par le nouveau gouvernement grec sont beaucoup plus considérables que ceux que l’on payait à la Porte. Dans quelques îles, la taxe était presque nulle ; aujourd’hui elle est exorbitante. Tino, entre autres, n’était assujétie qu’à un tribut de 36,000 piastres ; aujourd’hui l’impôt fixe est de 60,000 piastres, non compris la dîme et les autres droits.

    (Note du D.)