Au milieu de tous ces embarras et de ces craintes, occupée uniquement des constructions indispensables, l’autorité locale ne put entreprendre aucun défrichement considérable ; la culture se borna à quelques jardins, et les fermes qui furent établies par la suite, dirigées sans connaissance, sans zèle et sans intérêt personnel, n’augmentèrent pas d’une manière sensible les ressources de l’établissement. La colonie continua à languir dans les angoisses du besoin avec cette surabondance de population, tant qu’il ne s’y trouva pas un certain nombre d’hommes libres et industrieux, qui, devenus possesseurs de terrains concédés, surent tirer parti des services des convicts pour exploiter les richesses du sol avec intelligence. Alors on vit les travaux d’un petit nombre de laboureurs surpasser dans un instant tous ceux que le gouvernement avait entrepris lui-même. Mais ce ne fut qu’au bout de cinq années qu’on connut réellement les ressources de la colonie, que les espérances qu’on avait conçues se réalisèrent, et que l’opinion publique cessa de se montrer contraire.
Depuis cette heureuse époque, la prospérité naissante n’a fait que prendre de nouveaux accroissemens, malgré les fautes souvent répétées de l’administration ; mais l’essor était pris, rien n’a pu l’arrêter, et l’on voit par l’événement combien la nature de cette colonie, triomphant de tous les obstacles, renferme d’élémens de succès.
Des forêts immenses ont été converties en