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Fragmens littéraires.

L’EMBARQUEMENT.


Saint-Nazaire, 10 mai 1829.


Allons, les passagers ! qu’on monte dans la barge,
Nous sommes en retard, le navire ancre au large,
Le vent souffle bon frais.
La marée en partant laisse l’eau moins amère,
Partons comme elle… Enfant, vite embrasse ta mère,
Tu pleureras après.

Vous pleurerez après, vous aussi, jeune fille !
Vous quittez votre amant !… Qu’il vous suive à Manille,
C’est un fort beau pays.
Il verra dans le port ses jonques azurées,
Et sur la rive au loin ses pagodes dorées,
Et ses champs de maïs.

Qu’il vienne ! sur mon bord je lui donne une place ;
Je veux à vos yeux bleus accorder cette grâce
De le prendre avec nous.
Je le passe et nourris sans qu’il ait rien à faire,
Et quant à son hamac, ma foi, c’est une affaire
À régler entre vous.