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VOYAGES.

perpendiculaires du soleil qui les ont bientôt croupies, et c’est alors qu’elles exhalent les miasmes les plus dangereux. Les Européens ont tellement reconnu cette vérité, qu’ils ont fini par déserter la ville, et ils en ont bâti une nouvelle, en s’éloignant de plus en plus de la côte.

Cette nouvelle Batavia diffère totalement de l’ancienne. Elle est formée par une route presque circulaire joignant les deux extrémités des fortifications de l’autre ville. Cette route est bordée, des deux côtés, de maisons magnifiques, séparées les unes des autres par de vastes cours ou jardins, et entourées de balustrades en pierre d’une très-jolie forme. La route, qui suit le cours de la rivière, est en outre embellie par des arbres alignés, de la plus grande beauté. Dans beaucoup d’endroits, la rivière, étant très-étroite, est traversée par des ponts en bois d’une grande solidité. La quantité prodigieuse de voitures élégantes, les nombreuses cavalcades, les barques qui ne cessent de descendre et de remonter, et la diversité des personnages qu’on rencontre sur cette promenade, donnent, au premier abord, une idée des plus flatteuses de cette grande cité ; tout y respire l’aisance, la propreté et le luxe. Les maisons, revêtues d’un stuc éblouissant par sa blancheur, et la couleur rougeâtre des toitures, contrastent merveilleusement avec le vert foncé des feuillages qui les environnent. Ajoutez au fond de ce riant tableau une chaîne prolongée de hautes montagnes, et vous aurez une idée approchante de ce bel ensemble.