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§ Ier.
une chambre à coucher du xvie siècle.


Par une nuit orageuse du mois de novembre, et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d’Hérouville ressentant de cruelles angoisses, pensa, malgré son inexpérience, qu’elle pouvait être sur le point d’accoucher. Le sentiment des personnes souffrantes les porte presque toujours à changer la position dans laquelle elles éprouvent les premières atteintes d’une douleur. Et alors, cherchant à dissiper de sinistres pressentimens, la comtesse essaya de se mettre sur son séant comme pour étudier la nature de ses souffrances, et réfléchir à la situation critique où elle allait se trouver. Elle était assaillie par des craintes trop vives, pour songer aux périls d’une crise maternelle qui cause toujours quelque épouvante aux femmes quand elles doivent la subir pour la première fois.

En tâchant de se lever, la comtesse prit, pour ne pas éveiller son mari qui dormait auprès d’elle, des précautions minutieuses, dictées, sans doute, par le plus tendre amour ou par une profonde terreur. Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa, pendant un moment, de les sentir. Toutes ses forces furent absorbées par une pénible entreprise. Elle essayait d’appuyer sur l’oreiller