la circonstance la plus favorable qui pût jamais se présenter pour tirer une vengeance éclatante de cette tribu. Mais Payton Skah était venu pour se livrer à ses ennemis, et non pour se venger, et rien n’était capable de le faire changer de dessein.
Il demeura donc immobile à son poste jusqu’au moment où le pas d’un cheval lui annonça l’approche d’un guerrier. Il se disposait à se diriger vers la hutte où il le verrait entrer, lorsque le cavalier s’arrêta à la porte de celle où il était, descendit de cheval, et entra, jetant sa bride à une des deux femmes, qui lui montra aussitôt Payton Skah, et lui raconta les circonstances de son arrivée. À peine le Mandan lui eut-il demandé qui il était, et ce qu’il voulait, qu’il se leva avec dignité, découvrit sa figure et sa poitrine, et répondit : « Je suis un homme, et, de plus, un Dahcotah ; mon nom est Payton Skah : tu dois le connaître. J’ai perdu par les traits de tes guerriers des parens et des amis, et je les ai bien vengés : tu vois que ma tête porte dix plumes de l’aigle de guerre. Maintenant le maître de la vie veut que je meure, et c’est pour cela que je suis ici. Ainsi, frappe et délivre ta tribu du plus grand ennemi qu’elle ait jamais eu. »
Le courage est une qualité que les Indiens mettent au-dessus de tout, et souvent fait tomber les haines les plus invétérées. Le guerrier mandan jeta sur son intrépide ennemi un regard où se confondaient le respect et l’admiration. Il leva sa tomahawk comme pour frapper ; mais le Sioux ne fit pas le moindre mouvement, sa paupière ne sourcilla pas. Alors l’arme meurtrière s’échappa de la main qui la tenait ; le Mandan découvrit lui-même sa poitrine, et dit : « Je n’ôterai pas la vie à un aussi brave guerrier, mais je prouverai que les Mandans sont aussi des hommes : frappe toi-même ; ensuite prends mon cheval, et fuis. »
Payton Skah persévéra dans sa première résolution ; le Mandan refusa de rien changer à la sienne, et cette singulière dispute se prolongea jusqu’au moment où ce dernier