versé, mais parfait. Ces réservoirs apparens n’ont jamais une goutte d’eau. On est frappé, en traversant cette péninsule, de la multitude des puits naturels, des fontaines remarquables par l’abondance et la limpidité de leurs eaux, des gouffres souterrains qui absorbent tout à coup un grand fleuve, ainsi que du bouleversement et du mélange des terres avec des bancs de coquillages. Les lacs sont nombreux et poissonneux, le gibier y abonde. On soupçonne qu’il y a des communications de ces lacs avec ceux du comté d’Alachua, parce que leurs eaux baissent toujours dans la même proportion, et au même instant. Il paraît que les Florides ont été bouleversées par des secousses violentes de tremblemens de terre ; les pierres volcaniques, encore recouvertes de lave, n’y sont pas rares. Quelque volcan terrible, qui, d’après l’opinion de plusieurs savans, a donné naissance au golfe du Mexique, et qui a détaché de la terre ferme les îles qui forment aujourd’hui une couronne depuis le cap de Sable jusqu’à l’embouchure de l’Orénoque, aura sans doute bouleversé les Florides.
Cette allée est fertile : on y rencontre de loin en loin des fermes isolées qui, par leur construction bizarre, offrent un contraste singulier avec les bosquets de la plus fraîche verdure qui les protégent contre les ardeurs du soleil. En sortant de la vallée, notre voyageur suivit la crète d’une colline qui le conduisit vers la prodigieuse montagne de Hickervhill. Il est étonnant de rencontrer à une hauteur considérable pour les Florides, et après plusieurs heures de marche dans un pays stérile, ce sommet majestueux, ombragé par les plus beaux arbres de la création : le chêne vert, le laurier et le magnolia bordaient le chemin, qui partage la montagne, au sommet de laquelle est une charmante