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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/441

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PRESTIGE.

britannique, je vois que la félicité est pour le moins aussi conteuse que l’infortune.

Vous avez demandé tout à l’heure en mariage mademoiselle Tréa. Son père, M. Vandermondt, vous l’a promise. Dieu merci, voilà en une phrase vos confidences de cinq quarts d’heure.

Moi, je suis parti de Londres avant-hier, et ce matin de Calais ; mes affaires me retiennent ici pour deux semaines ; je vais me mettre à table : dînez avec moi.

Paul accepta en riant, ne parla durant tout le dîner que de Tréa, de la charmante Tréa, et ne laissa point de repos à Sydney qu’il n’eût consenti à se laisser présenter chez M. Vandermondt.

Sir Edward Sydney finit par céder ; et après s’être retiré dans un cabinet dont il mit un soin extrême à fermer la porte, il en sortit paré avec une élégance et un goût que n’aurait point désavoués le plus recherché des dandys.

Sir Edward pouvait être âgé de quarante ans. La première fois qu’on le voyait, une tournure distinguée, des dents d’une blancheur et d’une régularité admirables, de beaux cheveux blonds, et beaucoup de grâce dans les manières, produisaient cette impression favorable qui dispose tant à la bienveillance.

Seulement, après un examen plus attentif, on découvrait dans son regard une discordance et des effets bizarres dont on restait affecté.

Du reste, il s’exprimait en français avec une grande facilité, quoiqu’il y eût je ne sais quoi de rauque et d’étrange dans sa prononciation. La gêne produite par sa blessure à la jambe gauche était peu sensible. Sa démarche ne manquait même pas d’une certaine grâce ; et, bien loin de lui nuire, ce défaut reflétait sur lui l’intérêt qu’inspirent presque toujours les cicatrices d’un soldat. Ses blessures étaient graves, car il éprouvait quelque embarras à se servir du bras droit, et sa main restait constamment couverte d’un gant.

Le portrait de mademoiselle Tréa sera moins long. C’était