âge était bien plus que suffisant pour qu’ils fussent instruits des mœurs et des coutumes sur lesquelles on les interrogeait. Comme une multitude de documens furent reçus séparément et sur différens points du Mexique, que l’auteur pouvait s’aider en outre des nombreuses connaissances qu’il avait acquises dans la langue du pays bien avant 1530, il ne peut plus rester aucun doute sur l’exactitude de son travail.
Mais, quand ce travail immense fut accompli, et il le fut en 1545, le pauvre religieux n’eut encore rien fait en quelque sorte pour parvenir au but qu’il se proposait : il fallait vaincre l’ignorance monacale ! Croirait-on que l’Histoire de la Nouvelle-Espagne ne put être mise au net qu’en 1569, et que la traduction espagnole n’en fut terminée qu’en 1575 ? Le bon père était devenu vieux, sa main tremblait, et on lui disait, pour éviter les dépenses de la copie, qu’il était contre le vœu de la pauvreté de dépenser de l’argent à faire ces écritures. C’est ainsi que parlaient ces moines ignorans à celui qui travaillait depuis tant d’années afin, selon ses propres expressions, que les ministres de l’Évangile qui devaient lui succéder ne pussent pas se plaindre de ce que les premiers missionnaires auraient laissé dans l’obscurité les croyances des naturels.
Aussi quelle joie n’éprouva pas le vieillard, quand il se vit enfin compris par un religieux ayant plus d’influence que lui sur son ordre, quand le commissaire général, frère Rodrigo de Segura, vint au Mexique, et qu’il lui donna les moyens de terminer son ouvrage ! Et toutefois, quoiqu’il eût pris grand plaisir à la lecture du manuscrit de Sahagun, il paraît encore qu’en favorisant son auteur, il eut surtout l’intention d’être agréable à D. Juan de Obando, pré-