Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 1.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
83
ANTIQUITÉS DU MEXIQUE.

sident du conseil des Indes en Espagne, qui avait le plus vif désir de le voir paraître. Le P. Sahagun est plein de reconnaissance pour cette pensée généreuse : il dédie son livre à celui qui en a compris vaguement l’utilité, parce que, dit-il, il a racheté son œuvre, qu’il l’a tirée de dessous les cendres[1].

Singulière destinée de ce précieux ouvrage, qui fut pris pour un long dictionnaire par les uns, pour une chronique insignifiante par d’autres, et qui ne paraît que trois siècles après qu’il a été écrit, quand les nations sur lesquelles il devait influer ont perdu leur caractère primitif, quand elles sont éteintes comme nations !

Mais comment le livre du P. Sahagun, au milieu de tant de vicissitudes, nous est-il enfin parvenu ? C’est ce que nous dirons en peu de mots.

Après qu’il y eut mis la dernière main, le chroniqueur le partagea en douze livres, divisés en un très-grand nombre de chapitres. Chaque page présentait trois colonnes ; la première offrait la traduction du texte en langue espagnole, la seconde renfermait le texte en langue mexicaine, la troisième indiquait la signification des mots mexicains, avec les chiffres correspondans aux deux parties. Cette chronique, ainsi rédigée, ne nous est point parvenue, non plus que les documens rassemblés par l’auteur, et écrits en latin, en espagnol et en hiéroglyphes mexicains. Peut-être se retrouveront-ils un jour dans quelque couvent ignoré de l’Espagne ou du Nouveau-Monde ; mais deux copies du texte espagnol avaient été faites à part et envoyées en

  1. « Quand j’ai commencé ce travail, dit le bon père, on s’est imaginé que je faisais un calepin, et encore maintenant beaucoup de gens ne cessent de me demander : où en est le calepin ? »