Europe : l’une d’elles fut déposée dans le couvent de Saint-François du bourg de Sahagun[1] ; on ignorait ce qu’elle était devenue quand l’historien Munos parvint à la découvrir, avec l’intention d’en faire usage pour son histoire du Nouveau-Monde, dont un seul volume a paru. Il en tira une copie. À la mort de Munos, les papiers de cet écrivain furent confiés à l’Académie royale d’histoire de Madrid ; l’ouvrage du P. Sahagun s’y trouvait ; on en fit faire une copie confrontée à l’original avec une scrupuleuse exactitude ; elle fut envoyée en Amérique. C’est sur le manuscrit de Munos, dit-on, que l’impression de la collection de lord Kingsbourough a été faite ; cependant on ne peut pas se dissimuler, ainsi que le déclare lui-même l’éditeur des Antiquité du Mexique, que cette copie ne fût incomplète : le manuscrit était altéré en divers endroits, et l’on suppose que le troisième et le sixième livres ont plus souffert que les autres. Tel qu’il est cependant, l’ouvrage peut former environ deux volumes in-folio.
Mais, sans contredit, la perte la plus sensible est celle de ces quatre-vingts hymnes religieux que le P. Sahagun appelle des psaumes, qui existent sans aucun doute dans l’ouvrage original, et le copiste aura dédaigné de reproduire, comme étant une chose frivole. Boturini Bernaduci parle beaucoup des chants mexicains[2], qui, de même que tous ceux des peuples dans l’enfance, pouvaient être consultés sur les grands faits historiques et cosmogoniques. La perte des hymnes