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DE


La Littérature Russe.

La littérature, cette science si vaste et qui se rattache à tant d’études accessoires, demande pour être bien connue et bien appréciée, plus de solidité que n’en suppose ordinairement la masse des lecteurs, qui semble n’y voir qu’un verbiage superficiel sur les créations de l’esprit et de l’imagination. La littérature d’un peuple peut servir de thermomètre à son caractère, à ses mœurs et à sa situation politique. Nous n’appuierons point ici la vérité de cette assertion par des raisonnemens dont la multiplicité nous entraînerait trop loin, mais tout le monde conviendra que la profondeur germanique, l’exaltation italienne, le patriotisme et la gravité anglaise, la délicatesse et l’urbanité française ont dû nécessairement imprimer un sceau particulier aux productions littéraires de ces différens peuples. Il est donc tout naturel que la littérature russe se ressente de la subite transition des Moscovites de l’état de barbarie à celui de civilisation. Les sciences et les arts ont été implantés en Russie comme les perruques à la Louis xiv, et les habits à la française. Contraints par la force des circonstances à devenir imitateurs, il n’est pas étonnant que nous ne trouvions chez les Russes que fort peu d’ouvrages originaux : cependant, comme il faut être impartial dans l’examen d’une littérature, nous allons remonter à son