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VARIÉTÉS.

judicieux sous le rapport financier, mais aussi le mieux justifié sous le rapport moral, par les obstacles qu’il apporte à l’extension destructive que la consommation de cette substance tend continuellement à prendre, et qui n’aurait sans doute plus de limites. Nous n’envisageons ici l’opium que comme objet et moyen de la jouissance la plus superflue, la plus dangereuse et la plus condamnable qui puisse exister. Considéré dans ses vertus médicales, la consommation qui s’en fait est presque nulle, comparée surtout avec l’usage de le manger et de le fumer. On en importe annuellement à Penang vingt-huit chests pour les besoins des Malais et des Chinois. Chaque chest est de quarante caisses. À son arrivée, l’opium est soumis à une opération simple, qui produit une première et une seconde sorte d’extrait appelé chandoo. On regrette de ne pouvoir indiquer ici la proportion exacte de ces deux sortes d’extraits, comparativement à toute la quantité qui compose un chest. Il suffit, au surplus, de savoir que la compagnie tire un revenu mensuel de 3 à 4000 dollars espagnols (36 à 48,000 dollars par an) des spéculateurs qui afferment le droit de vendre cette drogue en détail. Cet extrait, préparé pour fumer, est revendu par eux à un prix qui produit dans le pays 8000 dollars par chest, et sur la côte opposée de Queda, 9600 dollars, ce qui, à 2 roupies par dollar, donne 560,000 roupies pour les vingt-huit chests annuellement importés. Si l’on ajoute à cela le prix de la ferme, on aura la somme de 656,000 roupies, produite par l’opium, en sus du prix de vente de chaque chest à son arrivée dans l’île, lequel prix surpasse 4000 roupies par chest. Cette somme, multipliée par 28, donne 112,000 roupies qui, ajoutées aux 656,000 portées ci-dessus, présentent un total de 768,000 roupies, ou 384,000 dollars, ou environ 2 millions de francs par an, qui sont payés pour une quantité excessivement petite de cette masse que consomment les mangeurs d’opium répandus sur le globe ; et ce ne sont pas même tous les habitans d’une seule petite île qui font cette dépense exorbitante, l’impôt pèse surtout sur les Malais et les Chi-