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développemens de passion qu’il y ait au théâtre ; et il y a progrès sensible dans la manière d’écrire de l’auteur. Nous ne doutons pas qu’Antony ne soit destiné à parcourir une longue et fructueuse carrière.

Bocage a créé le rôle d’Antony de la manière la plus brillante ; c’est bien ce regard fascinateur que la pauvre Adèle avoue tant redouter. Il a joué avec une chaleur de sentiment, un aplomb, une originalité qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de déployer. Les derniers rôles dont Bocage avait été chargé l’avaient déjà placé haut dans l’opinion du public ; ce rôle achève de le mettre en première ligne. Madame Zélie-Paul a débité avec esprit un rôle secondaire. Mais madame Dorval !… je ne sais que vous en dire. Allez la voir… Je n’essaierai pas de donner une idée de son jeu ; qu’il me suffise de dire que jamais parterre n’a été enchanté par plus de grâce, attendri par plus de pathétique, bouleversé par plus de terreur. Les autres actrices font plaisir ; madame Dorval fait mal. Le rôle d’Adèle est le plus beau fleuron de sa couronne dramatique ; il lui assure l’héritage de mademoiselle Mars, comme la pièce nouvelle avec Marion Delorme assure à la Porte-Saint-Martin celui du Théâtre-Français.


La séance des quatre Académies du 30 avril, pour la fête du Roi, n’a guère été plus gaie qu’à l’ordinaire. Après ce que le programme appelait l’ouverture par M. Lethière, et un rapport sur le prix fondé par Volney, qui a été adjugé à M. Eugène Burnouf, la commission a proposé pour sujet du prix qu’elle décernera dans la séance générale des quatre Académies du 1er  mai 1832 la question suivante : « Déterminer, par un travail à la fois lexigraphique et grammatical, le caractère propre des idiomes vulgairement connus sous le nom de celtiques en France et dans les îles britanniques, et rechercher l’importance et la nature des emprunts qu’ils ont faits soit au latin, soit à d’autres langues. » Le prix sera de 1200 fr. Les ouvrages ne seront reçus que jusqu’au 1er  janvier.

M. Raoul-Rochette a lu, pour l’Académie des Beaux-Arts, un rapport sur les sculptures trouvées à Olympie par la commission envoyée en Morée. Est arrivé ensuite M. Charles Dupin avec un