Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
GÉOGRAPHIE DE L’AMÉRIQUE.

tyrannie qui commença à s’apesantir sur les timides habitans de Saint-Domingue. Cependant jusqu’alors Colomb n’avait vu que des îles ; en 1498, après avoir renoncé au projet de naviguer sous l’équateur, et découvert la Trinité, il aperçut la côte ferme près des bouches du Dragon, et la suivit jusqu’à la pointe d’Araya : l’aspect isolé de la pointe de Paria, qu’il nomma d’abord Isla Santa, l’aurait encore induit en erreur, si le courant rapide des eaux douces de l’Orénoque ne lui eût révélé la présence d’un grand continent.

L’impulsion était donnée ; en 1595, le monopole des découvertes cessa, la carrière devint libre, les relations commencèrent à devenir actives entre l’Europe et ces régions nouvelles. Le xve siècle allait finir quand Alonso de Ojeda, ayant reçu d’une main jalouse le dernier journal de Colomb, attérit à Maracapana sur les rives de la Guyane, découvrit Venezuela, le lac de Maracaybo, et borna ses reconnaissances au cap de la Vela. Il était accompagné d’Americ Vespuce, dont l’obscurité n’annonçait pas alors l’heureuse usurpation qui a rendu son nom immortel. Bientôt on vit aussi paraître sur ces rivages Alonso Nino et Christoval Guerra, qui les visitèrent dans un but mercantile.

L’injustice n’était pas encore un caractère si naturel aux Européens, qu’ils n’eussent aucun scrupule de s’approprier les possessions des Américains ; mais Alexandre vi rassura la conscience des maîtres de l’Espagne, qui présentèrent leurs expéditions militaires comme des espèces de croisades[1]. Une ère nouvelle s’ouvrit

  1. Après les premières expéditions du fameux prince Henri, qui avait demandé au Saint-Siége la possession des terres que ses navigateurs