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VOYAGES.

veau-Monde. La première connaissance de cette mer fut donnée aux conquérans par les naturels du Darien ; Nunez de Balboa voulut aussitôt vérifier ce rapport, et le 25 septembre 1513, du haut des montagnes de Pancas, où Pizarro l’accompagna, il aperçut en même temps les deux mers, l’une au nord et l’autre au sud. Telle fut l’origine des noms ridicules qu’elles portèrent si long-temps ; descendant sur ces plages nouvelles, il prit possession pour son roi d’une mer qui couvre la moitié du globe. Deux ans après, Tello de Guzman découvre Panama, et bientôt Pedrarias Davila fonde les premiers établissemens de la Castille d’or.

Charles-Quint avait consacré l’esclavage des Indiens, mais la religion voulut adoucir ses décrets. Dès le second voyage de Colomb, les missionnaires s’étaient joints aux conquérans, dont cette alliance gêna le despotisme. Fatigués des contrariétés qu’ils éprouvèrent, ils voulurent prêcher la foi aux Indiens encore libres. En 1512, Cumana devint le théâtre des conquêtes évangéliques ; mais après quelques succès merveilleux, une perfidie affreuse fut cause que les religieux ne purent s’y présenter que pour recevoir le martyre. Gonzalo Ocampo vengea la mort de plusieurs d’entre eux ; toutefois ce ne fut qu’en 1523 que Yago Castellos forma à Cumana le premier établissement durable. Les aventuriers espagnols avaient commis des atrocités dans toute l’étendue de la côte ferme ; Juan Ampues fut chargé d’y mettre un terme. L’administration de cet homme estimable, qui s’établit à Coro en 1527, ne produisit qu’un bien passager, car la province de Venezuela, cédée à la compagnie des Welsers pour payer les dettes de l’empereur, fut soumise bientôt à toutes les horreurs du brigandage ; les habitans se virent poursuivis