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VARIÉTÉS.

directe de celle des députés. Ce serait encore, et bien plus, une seule chambre qui aurait constitué un comité à côté d’elle ; un troisième rouage tout-à-fait inutile.

Enfin, il y en a qui se bornent à demander que la nomination et l’institution des pairs soient toujours à la discrétion de la royauté, ou, pour parler plus exactement, des ministères qui exercent successivement son action. Avec l’hérédité, ce système avait déjà des inconvéniens. On se souvient ici de ces fournées dont la révision promise est destinée précisément à empêcher le retour.

On se plaint de ces fournées comme d’un abus. Belle manière de raisonner en législation ! Dès qu’elles étaient autorisées par la Charte, elles n’étaient qu’un usage légal, et s’il y avait abus quelque part, c’était dans la Charte.

La Charte octroyée avait décidé à la fois que le nombre des pairs était illimité, et que le roi créait des pairs à volonté. Qu’était-ce autre chose que de légaliser des fournées ?

Il faut un pourquoi à tout. Pourquoi le nombre des membres de la chambre aristocratique était-il illimité, tandis que celui de la chambre élective était déterminé par la loi ? Je défie qu’on en donne une raison plausible.

Le nombre étant déclaré illimité, il ne fallait pas que ce fût la couronne qui fît des pairs à sa guise, sinon les fournées étaient inévitables. La couronne ayant le droit de choisir des pairs en dehors de l’hérédité, il ne fallait pas que leur nombre fût illimité.

Sans doute, il faut maintenir influence et force à la couronne ; c’est parce que je crois voir notre civilisation telle qu’elle est, et notre caractère national tel qu’il se montre, que je suis attaché de conviction au principe monarchique. Mais il ne faut donner à la couronne qu’une influence utile au pays comme à elle-même. Lui fournir des armes dont elle puisse se blesser, c’est lui rendre un mauvais service. La couronne change de systèmes suivant les temps, suivant le roi régnant, suivant les hommes qui surgissent aux affaires, suivant les variations de l’opinion publique ; car l’opinion aussi