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VARIÉTÉS.

héréditaire tient de sa naissance le droit de mettre à son gré son poids dans la balance des destinées du pays.

Enfin l’existence de la royauté est bien plus essentielle au repos de l’état que l’hérédité de la pairie, et s’il est démontré qu’en maintenant celle-ci on compromet celle-là, il n’y a pas à hésiter ; il faut sacrifier l’hérédité des pairs pour garantir l’hérédité des rois.

DE LA CONSTITUTION DE LA PAIRIE.

Les défenseurs de l’hérédité reprochent à leurs adversaires de n’avoir rien à mettre à la place de ce qu’ils repoussent, de démolir sans réédifier, et de ne faire que des professions de foi négatives. Tâchons donc de trouver un symbole positif auquel puissent se rallier les opinions modérées.

Une foule de projets se présenteront pour constituer une pairie constitutionnelle.

Les uns voudront qu’elle émane d’une source élective, et ils ne songeront pas que ce ne sera plus une pairie, mais une section de la chambre des députés.

En effet, prendra-t-on les mêmes électeurs ? Le double emploi sera plus évident, et l’on aura une chambre sans influence à elle propre. Prendra-t-on des électeurs payant un cens plus élevé ? Indépendamment de l’inconvénient de diviser la nation en deux grands corps électoraux politiques, qui ne tarderaient pas à devenir presque ennemis, on ne ferait que donner à cette chambre une source plus aristocratique. On la ferait représenter la grande propriété, et il n’est pas nécessaire d’avoir un corps qui représente une partie de la nation, lorsque la chambre des députés a mission pour la représenter tout entière, sans distinction de classes. Songeons que la pairie doit être destinée à représenter l’expérience législative.

Les autres voudront que la chambre des députés présente des candidats. Le premier système aurait fait de la chambre des pairs une superfétation ; celui-ci en ferait une émanation