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Album.

UNE
LETTRE SUR LE THÉÂTRE


À PROPOS D’ANTONY.

C’est une heureuse chose qu’une chose nouvelle, dût-elle faire un peu de mal. Quand elle tombe au beau milieu d’une grande ville, on vous la prend, on vous la tourne et retourne en cent façons, on la regarde en tout sens, on en rit, on en pleure, on s’en réjouit, on s’en fâche, on l’accuse, on la défend, on la critique, on la loue. Que prouve tout ce tapage ? qu’il y a là une puissance réelle, une œuvre vivante, ayant, comme toute créature, ses qualités et ses défauts, mais vivante du moins, et c’est beaucoup, et c’est tout.

Il y a mille manières d’examiner une œuvre d’art, chacun a la sienne ; toutes sont bonnes quand elles rendent une impression, toutes sont curieuses et profitables pour les auteurs quand elles sont de bonne foi. Si j’écrivais jamais pour le théâtre, je voudrais entendre tous les dialogues et tous les monologues de tous les groupes de la salle, pour voir dans