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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/383

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MANILLE.

Sans perdre un instant, nous montâmes en voiture, M. Tuason et moi, et nous partîmes avec une escorte et des provisions pour quatre jours. Je fus assez heureux pour trouver de suite le lieu où j’avais découvert cette plante précieuse lors de mon voyage à la Cueva. Toute ma mission consistait à l’indiquer à M. Tuason. Le gouverneur de Manille avait chargé cet habitant de lui faire un rapport sur le lieu et la position dans laquelle croissait la vanille, et l’arbre sur lequel elle s’attache particulièrement. Il était également chargé d’en transplanter quelques boutures sur ses habitations, pour essayer d’en former des cultures régulières. Je profitai de cette circonstance pour en faire une nouvelle provision que je transportai à Manille.

En descendant la rivière qui traverse Manille, j’avais remarqué un jardin chinois qui me parut si bien tenu, que je résolus d’y venir spécialement pour le visiter. Je fus enchanté de cette découverte, lorsque j’en eus parcouru quelques parties ; il renfermait des plantes aussi rares que précieuses. Comme on eut soin de me prévenir que tout ce qui était dans ce beau jardin était à ma disposition avec de l’argent, je fis un choix de toutes les plantes que je crus les moins répandues et les plus importantes, entre autres, la badiane de la Chine, le lonsone (laugia sinensis), un diospyros ; une espèce de châtaigne de la Chine, extrêmement rare ; une espèce d’eugenia fort peu connue ; les véritables canellier de Ceylan et poivre noir ; le bétel, les mandariniers et une infinité d’autres plantes de différens genres, aussi précieuses qu’intéressantes pour nos colonies. J’achetai environ cent cinquante individus de la plus belle venue, que je transportai de suite sur une banquille à bord des navires le Rhône