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MANILLE.

quel se trouve une fort belle église, quoique Cavite en possède cinq qui se touchent pour ainsi dire. La ville de Cavite est très-sale. Les maisons sont antiques et mal bâties, les rues fort étroites, non pavées, ou le sont horriblement mal. Cette ville est située sur une pointe de l’île très-sablonneuse. Je n’ai pu y trouver une seule poignée de véritable terre. Cavite forme, par rapport à Manille, une presqu’île. On peut aller d’une ville à l’autre très-facilement, en contournant la baie d’un côté seulement, et en passant par Téralta et le vieux Cavite : la route est même des plus agréables. De chaque côté, elle est bordée de bambous qui préservent le voyageur des rayons d’un soleil dévorant. De distance en distance, on rencontre d’assez grands villages indiens et de fort jolies maisons de campagne.

Le bazar de Cavite, qui se tient près de la porte Saint-Roc, tous les jours de l’année, est approvisionné de tout ce que produit le pays en fait de comestibles. Les marins ne négligent pas de s’y procurer des vivres frais pour leurs traversées. Avec peu d’argent, ainsi que je l’ai dit, on peut acheter beaucoup.

Parmi la classe indigente des habitans de la ville et des environs, circule, en guise de monnaie, une petite espèce de coquillage, auquel les naturalistes ont donné le nom de cyprœa annulus. Ce coquillage, dont dix représentent chez ces peuples une valeur relative de cinq centimes de notre monnaie, n’est guère en circulation que dans les bazards de comestibles, où les pauvres gens peuvent aisément pourvoir à leurs besoins journaliers. La valeur d’un sou pouvant ainsi se diviser en dix parties égales, il en résulte que les malheureux qui ne possèdent qu’une ou quelques fractions de ce sol, peuvent acheter sans difficulté, pour cette valeur, quel-