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JÉRUSALEM.

l’art : ce sont les tombeaux taillés dans le roc à l’orient de la ville et dans la vallée de Josaphat. Cette architecture græco-égyptienne, ou plutôt syréenne, prend un rang particulier dans les arts depuis la découverte des ruines gigantesques de Pétra dont elle semble le modèle. Ces monumens appartiennent à l’Égypte par la grandeur, et à la Grèce par le style ; mais il leur manque à tous une condition essentielle, c’est de savoir à quel temps, à quel peuple ils appartiennent ; pas un passage d’auteur ancien, pas une inscription ne donnent des notions justes à cet égard. Étrangères à l’histoire, ces immenses constructions semblent être un accident de la nature, soumis comme elle à quelques grandes commotions, et dont alors il ne resterait plus de traces ; et pendant ce temps la pleine aride d’Ilion, chantée par Homère, le site à peine reconnaissable de Numance exciteront éternellement l’intérêt, parce que les ouvrages du génie sont les plus durables des monumens, et les actions généreuses les plus chères au cœur, comme au souvenir des hommes.

Le vendredi saint nous appela exclusivement aux cérémonies religieuses, et par une circonstance heureuse, la pâque des Grecs se trouvait cette année tomber le même jour que celle des Latins. Les premières cérémonies, et je dois le dire à l’avantage du culte catholique, les plus solennelles commencent le soir du vendredi saint par la procession des prêtres et de tous les chrétiens qui reconnaissent l’église romaine autour du saint Sépulcre ; ce qu’ils appellent la nuit ténébreuse, nox tenebrosa. Toutes les lumières sont éteintes dans l’édifice, et ses longues nefs, ses différentes chapelles ne sont éclairées que par les cierges que portent les assistans. Les salles paraissent plus vastes, les voûtes