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VOYAGES.

faisait des réparations ; mais elle n’avait pu en rapporter qu’un souvenir vague. Après quelques réflexions, je ne crus pas possible de laisser échapper une occasion semblable, qui pouvait fournir un des épisodes les plus intéressans de notre voyage, et surtout laisser aux jeunes gens qui m’accompagnaient une impression profonde.

Que cherchent en effet les voyageurs ? Des émotions et des souvenirs ; et ne sommes-nous pas tous sur ce point un peu voyageurs dans la vie ? N’aimons-nous pas à nous rappeler les incidens aventureux de notre existence passée ? L’histoire même n’est-elle pas le recueil des aventures des peuples, et lorsque quelques-uns d’entre eux cherchent au prix de tant de sacrifices une patrie, lorsque d’autres se lancent témérairement peut-être dans la gloire ou dans la liberté, que font-ils autre chose que de s’abandonner à la plus enivrante comme à la plus noble des émotions ?

Nous nous mîmes en route, bien armés, vers dix heures du soir : la nuit était obscure, et chaque fois que nous rencontrions un fanal, nous nous rangions de côté. Nous arrivâmes enfin à la porte du côté du nord, et au milieu d’un silence profond nous pénétrâmes jusqu’au parvis, sur lequel on monte par sept marches, et qui domine tout l’espace.

Nous voici donc dans cette redoutable enceinte où déjà, du temps d’Israël, il fallait être purifié pour oser pénétrer. Nous voici dans le Saint des saints, dont Salomon créa et chanta les merveilles, mais dont rien ne retrace plus la grandeur passée. La charrue a nivelé autrefois ces ruines, et les seuls débris qui restent de l’ancien temple sont de grandes assisses de pierre qui servent de mur de soutènement au côté oriental du