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LITTÉRATURE.

comme nous sommes épiés à Murcie, j’ai choisi ce lieu, qui nous a paru très-bien caché aux yeux, mais je crains qu’il ne le soit trop ; reprenons la route de la ville. Ahl les voici… C’est vous, vous arrivez bien tard.

Meimengen.

Nous nous sommes égarés ; nous avons été beaucoup plus loin qu’il ne fallait, et nous nous sommes trouvés tout à l’heure sur la route, à une auberge où des muletiers faisaient halte. Il s’était arrêté avec eux une jeune et jolie femme, avec deux ou trois suivantes et des domestiques armés ; nous avons demandé son nom, c’était… vous ne devineriez jamais.

Casterey.

Qui donc ?…

Meimengen.

La nièce du gouverneur, donna Isabelle d’Ayamonte, qui arrive pour son mariage, avec ses diamans, ses parures, sa fortune, et peut-être des papiers importans à connaître pour nos desseins ; elle va passer dans quelques minutes sur la route, à deux pas d’ici : si vous nous en croyez, nous nous saisirons des bagages de la nièce, en attendant que nous fassions affaire avec l’oncle.

Manrique.

Quoi ! arrêter et dévaliser une jeune femme innocente et sans défense !

Barholomeo.

N’est-elle pas une ennemie ?… Nous sommes en guerre ; c’est de bonne prise… D’ailleurs, deux choses servent puissamment dans les entreprises de ce genre : l’argent et la connaissance des desseins de l’ennemi ; nous acquérons probablement l’un et l’autre par ce coup de main. Chose pareille nous est arrivée à la dernière révolution de Gênes.

Guzman.

Mais c’est changer de nobles conquérans de liberté en détrousseurs de grands chemins.

Meimengen.

Écoutez, seigneurs cavaliers ; nous nous sommes embar-