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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

conjurés qui se révoltent par patriotisme, comme nous, d’autres par oisiveté, d’autres par misère ; nous avons, entre autres, deux Italiens et un Allemand qui arrivent tout fraîchement de la dernière conspiration de Venise : ce sont des hommes qui vivent de révolution comme d’autres vivent d’un art ou d’un métier ; ils vont de pays en pays, cachant de longs poignards sous de longs manteaux, partout où il y a des troubles, qu’ils cherchent comme une grenouille cherche ses marécages. On les voit apparaître dans les empires comme des vers sur un cadavre ; leur présence est signe de dissolution. Ils acquièrent, au risque de leur vie, une expérience de révolte et une théorie de bouleversement qu’ils mettent en usage pour gagner leur vie, jusqu’à ce qu’ils la perdent sur la roue ou sur le gibet. Il serait curieux qu’après avoir échappé aux périls d’immenses naufrages politiques, ils vinssent échouer dans cette obscure bourrasque. Mais qui sait ?… On échappe souvent à la mitraille de vingt campagnes pour mourir de l’explosion d’un méchant pistolet de chasse qui crève.

D. Louis.

Il suffit, je suis des vôtres ; j’ai laissé mes effets à une auberge sur la route, près d’ici ; je vais les chercher, où te retrouverai-je ?

Casterey.

À Murcie, à l’auberge du Lion d’or, place Royale.

Villenas.

Comptez sur moi ; salut, seigneurs, à la vie, à la mort.

(Il sort.)

Scène IX.


CASTEREY, MANRIQUE, GUZMAN, puis MEIMEN-GEN, BARTHOLEMEO, ROBERTI.
Casterey.

Nos amis les étrangers n’arrivent pas ; je crains de ne pas leur avoir bien indiqué l’endroit où ils doivent se rendre :