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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

Ayamonte.

Mais ce bal n’est donné que pour toi… Sans toi, comment veux-tu que je fasse ?

Isabelle.

C’est ce que je vous demanderai plutôt, moi qui ai fait cinquante lieues…

Ayamonte.

Je comptais, ce soir, te présenter ton prétendu, qui vient d’arriver ; il est fort bien ; sa résolution est conforme à celle de son père, mais cependant il parle de ses projets avec une tiédeur que ta vue dissiperait bientôt.

Isabelle.

Oh ! bien, demain, après… Un mari, cela ne presse jamais… (À part.) Ce jeune homme me revient à la tête… Je donnerais ma plus belle dentelle pour savoir qui il est.

Ayamonte.

Je vais contremander le bal, puisque tu ne veux pas voir D. Louis de Villenas ce soir. (Il sonne.) Je puis en attendant te montrer son portrait, que son père m’a envoyé ; tiens.

(Il lui donne un petit portrait.)
Dona Isabelle.

Est-il possible !… Mais c’est mon inconnu.

Un valet, entrant.

Que veut monseigneur ?…

Ayamonte.

Envoyez mes gens chez toutes les personnes que j’ai invitées ce soir, et faites-leur dire que le bal est remis ; je ferai savoir plus tard le jour.

Isabelle.

Mon oncle, décidément, puisque vous avez fait tous les apprêts de votre bal, je ne le ferai pas manquer ; j’irai malgré ma lassitude.

Ayamonte.

Il paraît que le portrait du prétendu est un talisman qui vaut mieux que mes prières.