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LITTÉRATURE.

savez-vous que j’ai été attaquée à quelques lieues de Murcie par trois brigands ? Ils ont tué mon muletier, et sans le courage d’un jeune voyageur, qui a fait feu sur eux, j’étais perdue : mes gens ont repris courage, et les trois assaillans sont restés sur la place.

Ayamonte.

Quel est ce voyageur ?…

Dona Isabelle.

Je ne puis pas plus vous donner des renseignemens sur lui que sur les brigands : il m’a quittée à quelques pas du lieu du combat, lorsque j’ai rencontré l’escorte que vous m’envoyiez.

Ayamonte.

C’est singulier ; voici la première fois, depuis long-temps, que j’entends parler d’attaques de ce genre : ma surveillance avait fait justice exacte de tous les brigands, soit de ville, soit de grande route. J’avais écrasé également du pied les sangsues et les vipères ; il faut que ce soit une attaque particulière. (À un alguazil.) Diaz, faites chercher et apporter les cadavres de ces hommes à Murcie.

L’alguazil.

On a prévenu vos désirs : on les a apportés ; leurs costumes et leurs figures annoncent des étrangers.

Ayamonte.

Aucun papier, aucun indice !

L’alguazil.

Des stylets, des cigares et une madone, voilà tout ce qu’on a trouvé sur eux.

Ayamonte.

Il suffit, laissez-nous… Je verrai au fond de cette affaire… (Les alguazils sortent.) C’est un soupçon à mettre avec des preuves… Mais parlons d’autre chose : tu sais que, pour ton arrivée, je donne ce soir un grand bal.

Dona Isabelle.

Eh bien ! vous le donnerez sans moi ce soir : la fatigue du voyage, la peur que j’ai eue, m’empêcheront d’y paraître.