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LA NIÈCE DU GOUVERNEUR.

Eh bien ! mon oncle, toujours pour midi la présentation ?…

Ayamonte.

Oui, la présentation au tribunal. J’ai appris bien des choses ; il se trame une conspiration contre moi dans cette ville.

Dona Isabelle.

Prenez vos mesures pour la prévenir ; vous savez que moi je n’entends rien à la politique.

Ayamonte.

Oui, mais ton prétendu est au nombre des membres de cette conspiration, qui ne va à rien moins qu’à m’assassiner.

Dona Isabelle, se levant.

C’est impossible.

Ayamonte.

Il me paraît que tu reprends goût à la politique ?

Dona Isabelle.

Qui vous l’a dit ?

Ayamonte.

Lui-même hier au bal, j’avais un domino parfaitement semblable à celui de Casterey ; il m’a pris pour lui, et m’a révélé clairement ce que mes agens m’avaient fait soupçonner depuis long-temps. Ils ont un rendez-vous aujourd’hui à deux heures chez Casterey, et des alguazils déguisés veillent déjà sur toutes les issues de la maison. Des mandats d’arrêt sont lancés contre tous les affidés de Casterey, mais je ne les ferai mettre à exécution qu’à l’heure du rendez-vous, afin de les prendre tous ensemble. Voici celui (il tire de sa poche un parchemin) qui regarde Villenas, je ne crains pas qu’il m’échappe ; il est près de moi, je n’ai qu’à étendre la main pour le saisir ; d’ailleurs partout où il ira, il sera enveloppé d’un réseau de regards vigilans.

Dona Isabelle.

Mais est-il possible qu’arrivé d’hier, il ait déjà…