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Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/506

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LITTÉRATURE.

Ayamonte.

Il a trouvé le temps d’ourdir une conspiration.

Dona Isabelle.

Mais ce jeune homme, dont la loyauté est connue, vous aurait-il promis de m’épouser, s’il avait le dessein de vous assassiner ?…

Ayamonte.

Aussi veut-il rétracter sa promesse ; il doit venir à midi, ici, mais pour te faire un affront, pour te refuser publiquement ; il me l’a dit hier encore.

Dona Isabelle, sautant de joie.

C’est cela, c’est cela.

Ayamonte.

Comment ?…

Dona Isabelle.

Oui, mon oncle ; il me refuse… par amour pour moi. Cela vous étonne ! Il m’aime depuis deux jours sans savoir qui je suis : en voulez-vous des preuves ? C’est lui qui a exposé sa vie pour sauver la mienne des attaques des brigands hier, et qui hier soir m’a promis, dans le bal, de refuser pour moi un des plus beaux partis de toute l’Espagne, dona Isabelle d’Ayamonte, une personne de notre connaissance. Il a pu être égaré par quelques fanatiques ; mais son amour me répond de lui : il ne fera que ce que je voudrai,

Ayamonte.

Ma sûreté exige cependant qu’on mette ce mandat à exécution.

Dona Isabelle.

Différez au moins jusqu’après notre entrevue ; vous ne risquez rien jusque-là. Je vous réponds de lui… Mon cher oncle… me refuserez-vous la première grâce que je vous demande de ma vie ?

Ayamonte.

Toute Murcie, toute l’Espagne à genoux la demanderait sans l’obtenir ; mais toi, tu seras plus favorisée : je vais re-