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George Farcy[1].

La révolution de juillet a mis en lumière peu d’hommes nouveaux, elle a dévoré peu d’hommes anciens ; elle a été si prompte, si spontanée, si confuse, si populaire, elle a été si exclusivement l’œuvre des masses, l’exploit de la jeunesse, qu’elle n’a guère donné aux personnages déjà connus le temps d’y assister et d’y coopérer, sinon vers les dernières heures, et qu’elle ne s’est pas donné à elle-même le temps de produire ses propres personnages. Tout ce qui avait déjà un nom s’y est rallié un peu tard ; tout ce qui n’avait pas encore de nom a dû s’en retirer trop tôt. Consultez les listes des héroïques victimes ; pas une illustration, ni dans la science, ni dans les lettres, ni dans les armes, pas une gloire antérieure ; c’était bien du pur et vrai peuple, c’étaient bien de vrais jeunes hommes ; tous ces nobles martyrs sont et resteront obscurs. Le nom de Farcy est peut-être le seul qui frappe et arrête ; et encore combien ce nom sonnait peu haut dans la renommée ! comme il disparaissait timidement dans le bruit et l’éclat de tant de noms contemporains ! comme il avait besoin de travaux et d’années pour signifier aux yeux du public ce que l’amitié y lisait déjà avec confiance ! Mais la mort, et une telle mort, a plus fait pour l’honneur de Farcy qu’une vie plus longue n’aurait pu faire, et elle n’a interrompu la destinée de notre ami que pour la couronner.

  1. Ce morceau fera partie du recueil de vers et opuscules de Farcy, qui doit être publié, dans les premiers jours de juillet, chez M. Hachette.